LA GRANDE DÉBROUSSAILLEUSE

Allons voir 2023_Parcours Bourges Contemporain_Unités Rurales et Artistiques

Commissariat Yves Sabourin

L’installation part du lieu, une étable, espace de domestication séculaire, vidé aujourd’hui de son usage, de la rumeur des animaux, du rythme des saisons.  Silencieux. 

A l’entrée un bas-relief se déploie en fils de polyamide et d’or, brodé sur un canevas en grillage et montre une scène de composition classique représentant un exode, une fuite de population, certaines figures déjà à terre, d’autres dans une course en avant, effrénée. Le fil de polyamide, produit manufacturé synthétique pétrolifère, témoignage de notre société de consommation destructrice, prend un aspect animal, de chevelures et de poils. 

Derrière ce premier plan sombre, 5 toiles de lin tracent l’idée d’un jardin. De l’une à l’autre des toiles, les plantes sont massacrées, tombées au sol par la furie et l’inconscience des hommes, persuadés de leur toute puissance, concept aveugle et dérisoire. Les plantes sont réparées pourtant, comme dans l’art japonais du kintsugi, rapiécées au fil d’or. Mais ces efforts sont illusoires. C’est bien par sa seule force que la nature reprend ses droits, sur deux toiles dont les fils détissés, deviennent les outils d’une broderie de reconstruction subtile et douce. 

La nature a chassé l’homme et redessine un environnement à sa mesure.

Et sur la fenêtre du fond de l’étable, un oeil brodé en fil d’agave : celui de la nature elle-même qui regarde le récit. Les hommes en fuite, que le visiteur a vu en premier, dès l’entrée, sont finalement de petits personnages, car on comprends alors qu’ils sont vus de loin, par cet oeil, en perspective inversée. 

LA GRANDE DÉBOUSSAILLEUSE 280 x 300 _Fil de polyamyde et fil d’or sur grillage

david marin

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By Daniele Zedda • 18 February

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